1. |
Misères
04:45
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(I, Misères, v. 97 – 130)
Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage ;
Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux,
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
À la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit :
« Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !
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2. |
Appelez-vous athée
04:12
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(Adapté du Discours des Misères de ce temps de Ronsard, 1563)
Apellés vous Athée
La personne qui point n'a de son cœur ostée
La foy de ses ayeux ? qui ne trouble les loix
De son pays natal, les peuples ny les Roys ?
Apellés vous Athée, un homme qui mesprise
Vos songes contrefais, les monstres de l'Eglise?
Qui croit en un seul Dieu, qui croit au sainct Esprit,
Qui croit de tout son cœur au sauveur Jesus christ ?
Apellés vous Athée un homme qui deteste
Et vous et vos erreurs comme infernalle peste ?
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3. |
Le massacre de Wassy
05:02
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D’après Maurice Roya
(1er mars 1562)
La ville était ovale, de l'église vers la Blaise
encerclée de murs percés de quelques portes
toutes munies de fossé, tourelles et pont-levis.
Les protestants tenaient réunion en une grange toute proche de l'église
Les cavaliers du Duc tirèrent deux coups de fusil
Enfoncèrent la porte en levant leurs épées
Ils hurlaient
Tue, tue, mort-dieu, tue ces huguenots!
En qui crois-tu ? En Jésus-Christ.
L'éventrement fut le prix de cette réponse
Le Massacre commença
Les piétinements dans les flaques de sang éclaboussaient de crachats rouges les murs et les visages
La duchesse de Guise, aux cris des femmes enceintes
Fit prier qu’on cessa cette persécution
Cinquante cadavres jonchaient le sol
Les blessés s’étaient roulés sous la paille
Dans les coins, faisant les morts
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4. |
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Agrippa d'Aubigné, I, Misères, v. 211 - 243
(24 août 1572)
L'homme est en proie à l'homme, un loup à son pareil;
Le père étrangle au lit le fils, et le cercueil
Préparé par le fils sollicite le père;
Le frère avant le temps hérite de son frère.
On trouve des moyens, des crimes tout nouveaux,
Des poisons inconnus, ou de sanglants couteaux
Une croix bourguignonne épouvantait nos pères,
Le blanc les fait trembler, les tremblantes mères
Croulent à l'estomac leurs poupons éperdus
Quand les grondants tambours sont battants entendus.
Et les meurtres publics ont le nom de justice (bis)
Injustice
L'honorable bourgeois, l'exemple de sa ville,
Souffre devant ses yeux, violées femmes et filles
L'injustice est principe de droit; comme un monde à l'envers
Le vieil père est fouetté de son enfant pervers.
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5. |
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(Adapté du Discours des Miseres de ce temps de Ronsard, 1563)
Aux siecles advenir je dois conté la peine,
Et l'extreme malheur dont nostre France est pleine.
Que ses propres enfants l'ont prise & devestue,
Jusques à la mort vilainement batue.
Qui contre l'estomaq luy tendent la main armée
D'avarice cruelle & de sang affamée
Le bat et le tourmente, & d'une dague essaie
De lui chasser du corps l'âme par une plaie
Puis en la voyant morte ils se rient de ses coups.
Et la laisse manger aux mâtins & aux loups.
Vous ressemblez encor à ces jeunes viperes,
Qui ouvrent en naissant le ventre de leurs meres,
Or ceux qui se vantent d'être les vrais enfants de Dieu,
En la dextre ont le glaive, et dans l'autre le feu.
Partout où ils frappent et enragent,
Volent les temples saints et les villes sacagent
Ainsi en avortant vous avés fait mourir
La France vostre mere, en lieu de la nourrir.
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6. |
La michelade de Nîmes
05:45
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(D’après un récit d’Adolphe de Pontécoulant, 1820)
On vit se former des pelotons de gens armés
Tous religionnaires
Aux armes! Tue les papistes! Monde nouveau!
La ville n’était plus qu’une image de terreur et de désolation
Les pleurs des enfants
les lamentations des femmes
n’étaient d’aucun effet sur ces bourreaux
Le peuple ne respirait que le sang et le carnage
À l’évêché survint la tuerie
Les corps furent jetés dans un puits
Il en fut presque comblé
Débordant de sang
Nombre de ceux qu’on y précipitait
N’était qu’à demi égorgés
Percés par les lances et les dagues
On y entendait sourdre les gémissements
On pouvait ouïr ces voix mourantes
C’était pitié d’entendre
Les cris étouffés des malheureux
Assassinés et noyés à la fois
On donna nom à cette source
Le Puis de Malamort
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Viacrucis Gaspé, Québec
Death métal noir de Gaspé, par Mathieu Garon du groupe GIVRE
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